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IFSTTAR, SEPTEMBRE 2018

Issue de la fusion du Laboratoire d’Acoustique Environnementale (LAE) de l’Ifsttar et du Groupe Acoustique du Cerema Est de Strasbourg (GRACS), l’Unité Mixte de Recherche en Acoustique Environnementale (UMRAE) constitue désormais le principal laboratoire français dédié à cette thématique de recherche. Entretien avec Judicaël Picaut, chercheur à l’Institut et co-directeur de cette nouvelle structure.

Dans quel but l’UMRAE, que vous dirigez depuis le 1er janvier 2018, a-t-elle été créée ?
Judicaël Picaut : Il s’agissait avant toute chose de formaliser une collaboration très étroite existant depuis de nombreuses années entre le LAE et le GRACS. Avec cette fusion, l’UMRAE réunit désormais 21 chercheurs, ingénieurs et techniciens permanents de l’Ifsttar de Bron et de Nantes et du Cerema de Strasbourg auxquels viennent s’ajouter plus d’une dizaine de doctorants, postdoctorants et stagiaires de niveau master. Réunir ces compétences et savoir-faire au sein d’une même unité de recherche nous permet notamment d’avoir une vision transversale de l’impact du bruit sur l’homme que ce soit à l’échelle d’une ville, d’un quartier, d’un bâtiment ou en milieu rural. Ce regroupement devrait en outre offrir à nos chercheurs une meilleure visibilité et force de frappe au niveau international.

Quelles sont les principales missions de ce laboratoire ?
Les recherches de l’UMRAE se focalisent sur la réduction du bruit ainsi que son impact dans l’environnement, depuis sa source d’émission jusqu’à sa réception en passant par sa propagation. Même si l’UMRAE s’affiche avant tout comme un laboratoire de recherche appliquée, l’approche globale portée par le laboratoire vise aussi à développer une recherche plus fondamentale en matière d’acoustique environnementale. Les travaux que nous menons dans ce domaine concernent aussi bien le bruit des véhicules routiers et ferrés, les nuisances sonores liées aux nouvelles formes de mobilité telles que la voiture électrique et les nouvelles sources de bruits comme celles associées au fonctionnement des éoliennes. Nous nous intéressons également à l’impact du bruit sur la biodiversité, ce champ d’investigation étant encore très peu exploré en France.

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Cette volonté de mettre l’accent sur la recherche fondamentale relève-t-elle d’une stratégie scientifique impulsée par le laboratoire ?
Tout à fait. Alors que la recherche purement appliquée représente aujourd’hui 75% de notre activité scientifique, via le développement de logiciels, d’applications et d’outils d’analyse en libre accès destinés à réduire les méfaits du bruit, nous souhaitons à terme atteindre un équilibre entre recherche à visée applicative et recherche fondamentale. Cette évolution s’avère essentielle pour que les perspectives d’innovations en matière de lutte contre le bruit ne s’épuisent pas au fil du temps. Pour cela, nous comptons tisser des collaborations avec d’autres laboratoires universitaires et des industriels qui s’intéressent à la problématique du bruit. Nous voulons également devenir pilote sur davantage de programmes de recherche de grande envergure.

Pouvez-vous présenter plus en détails les axes de recherche sur lesquels se focalise l’UMRAE ?
Notre principal objectif reste d’améliorer les connaissances scientifiques en matière d’acoustique environnementale en s’appuyant à la fois sur des approches expérimentales, numériques, théoriques et interdisciplinaires. A titre d’exemple, l’UMRAE pilote depuis janvier 2017 un projet ANR visant à mieux caractériser l’environnement sonore urbain à l’aide d’un réseau de capteurs intelligents. Ce travail est mené en partenariat avec Bouygues énergies & services, la start-up Wi6labs qui a conçu le matériel de mesure, ainsi que d’autres partenaires académiques. Notre laboratoire a également initié depuis peu un programme de recherche destiné à étudier les effets sur la santé humaine des sons « basse fréquence » et des infrasons générés par le fonctionnement des éoliennes. Il s’agit d’un enjeu très important alors que ce mode de production électrique est actuellement en pleine expansion en France et à travers le monde.

Photo 1 : Carte du bruit à l’échelle de l’agglomération nantaise. © IFSTTAR
Photo 2 : Étude du bruit généré par une éolienne industrielle. © IFSTTAR

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