GRAND PARIS DÉVELOPPEMENT  N°7 , PRINTEMPS 2014

Né à Neuilly-sur-Seine, Cédric Klapisch vit à Paris depuis de nombreuses années. Du Paris populaire de Chacun cherche son chat au quartier d’affaires de Ma part du gâteau en passant par la vie de quartier de son film sobrement intitulé Paris, la capitale sert souvent de décor aux films du réalisateur.

Que vous inspire le projet de métropole du Grand Paris ?
Le périphérique parisien est né de cette croyance passéiste qu’il était nécessaire de circonscrire les villes. Or la ville moderne ne peut être contrainte de cette manière car elle a besoin de se désenclaver constamment. La volonté de faire tomber cette frontière physique entre Paris et la banlieue est l’un des aspects les plus séduisants du projet de Grand Paris.

L’agglomération parisienne a donc tout à gagner de la naissance du Grand Paris au 1er janvier 2016 ?
Une ville ne peut être vivante que si elle se renouvelle en permanence. Le fait que l’on qualifie parfois Montreuil de 21e arrondissement de Paris ou qu’un quartier comme La Défense fasse désormais partie de la capitale en est bien la preuve.

Les villes de la petite couronne ne risquent-elles pas de perdre leur identité en se faisant absorber par la métropole?
Voir plus grand ne signifie pas que l’on perd la logique de quartier. Quand on visite des villes pourtant surdimensionnées, comme Londres  ou Tokyo, on s’aperçoit que ces agglomérations sans limites ont su conserver l’identité de chacun des quartiers qui les composent. A l’opposée, il se dégage une certaine tristesse de villes musées comme Rome qui semblent comme figées dans une époque historique. Je suis convaincu qu’une ville doit pouvoir continuer à s’étendre à la fois d’un point de vue spatial et architectural.

Le Grand Paris est donc l’occasion de repenser l’urbanisme de la métropole?
J’en suis persuadé. Malheureusement nous ne sommes pas dans une période d’audace architecturale. Certes j’aime la manière dont cette zone de « non-lieux » qu’était la Seine-Saint-Denis s’est peu à peu métamorphosée avec l’implantation du Stade de France puis de la Cité du cinéma. Je trouve néanmoins qu’il manque une véritable idée d’innovation architecturale au projet du Grand Paris. Il faut pour cela se persuader que la modernité n’est pas nécessairement décevante et inesthétique mais qu’elle peut être élégante et enthousiasmante.

Quels sont les défis qui attendent la métropole parisienne dans les années à venir?
Réorganiser des réseaux de transports pour voyager efficacement et confortablement de Paris vers la banlieue et de banlieues à banlieue est indispensable. Cela semble d’ailleurs en bonne voie avec le Grand Paris express. Parallèlement à cela il faut entamer une réflexion sur la spécificité des villes de banlieue. Ces villes pensent encore trop souvent leur urbanisation comme des ensembles de logements collectifs destinés à accueillir les gens travaillant à Paris. Par ailleurs, le projet de Grand Paris accorde beaucoup de place au secteur tertiaire et aux logements sans proposer de véritable réflexion sur les loisirs. Or on a tendance à oublier qu’il y a aussi plus d’espace en banlieue. Cet espace doit donc y être mieux valorisé à la manière de ce qu’a fait Brooklyn en créant des pôles d’attractivité dédiés aux loisirs. C’est par ce genre d’initiatives que les villes de la petite couronne deviendront le moteur de la créativité du Grand Paris.
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