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EUREKA LORRAINE, DÉCEMBRE 2016

Depuis plus de quarante ans, le Centre de données astronomiques de Strasbourg (CDS) collecte et diffuse à travers le monde entier les données provenant de la recherche en astronomie. En septembre dernier, il mettait ainsi à disposition de la communauté scientifique un inventaire sans précédent des étoiles de la Voie lactée.

Le 14 septembre 2016, l’Agence spatiale européenne (ESA) annonçait la diffusion imminente d’un corpus de données visant à référencer la plupart des étoiles de notre galaxie. Quelques heures plus tard, les paramètres astronomiques de plus d’un milliard d’étoiles, tirés des observations du satellite Gaia, étaient disponibles sur le web via un portail dédié. Une telle prouesse n’aurait pu être possible sans le concours des chercheurs, des ingénieurs et des documentalistes du Centre de données astronomiques de Strasbourg (CDS). « Le CDS fait partie des quatre centres de données choisis par l’ESA pour diffuser auprès de la communauté astronomique internationale les mesures effectuées par Gaia sur la position, la distance et le mouvement des étoiles de notre galaxie« , rappelle Sébastien Derrière, astronome-adjoint et correspondant communication à l’Observatoire astronomique de Strasbourg. Rattaché à ce dernier, le CDS regroupe une dizaine d’astronomes du CNRS et de l’Université de Strasbourg dont les missions vont bien au-delà de la seule collecte de données en provenance des télescopes.

Depuis sa création, en 1972, le centre de données strasbourgeois a en effet compilé des centaines de milliers d’articles scientifiques en lien avec la recherche en astronomie. Ceux-ci sont rassemblés dans la base de données Simbad qui référence aujourd’hui 8,5 millions d’objets célestes tels que les étoiles, les nébuleuses¹ ou les galaxies : « La nomenclature d’un même objet variant souvent d’une étude à l’autre, Simbad dispose d’une application qui permet d’identifier parmi une littérature scientifique conséquente l’ensemble des noms attribués à une même galaxie ou à une même étoile« , détaille Sébastien Derrière.

«Proposer au grand public une visualisation en trois dimensions de la voie lactée»

A travers VizieR, le CDS met par ailleurs à disposition des chercheurs en astronomie du monde entier une sorte de « bibliothèque » de l’Univers. Cette base de données en réseau regroupe en effet 15 000 catalogues astronomiques provenant à la fois de mesures d’observation, comme celles issues du satellite Gaia, et d’études purement théoriques. Chacun de ces catalogues mentionne la forme, la position dans l’espace et l’intensité lumineuse de nombreuses étoiles situées dans notre galaxie et même au-delà. Le CDS supervise enfin depuis près de 20 ans un véritable observatoire virtuel. Cet outil baptisé Aladin, consultable via un simple navigateur internet, regroupe des dizaines de milliers d’images de l’espace librement mises à disposition par des agences spatiales internationales comme l’ESA ou la NASA. « Nous réfléchissons actuellement à la possibilité de projeter ces images sur la voûte du planétarium de Strasbourg pour proposer au grand public une visualisation en trois dimensions de la voie lactée » explique Sébastien Derrière. Pour l’heure, les scientifiques attendent avec impatience la prochaine moisson de résultats du satellite Gaia, annoncée pour fin 2017. A cette date, plus de 90% des étoiles qui composent notre galaxie seront alors référencées dans la base de données strasbourgeoise.

1. Objet céleste constitué de gaz et de poussières jouant un rôle clé dans la formation des étoiles.

Illustration: Carte de densité du ciel, réalisée à l’aide d’Aladin, visualisant plus d’un milliard de sources référencées dans le catalogue Gaia. © T. Boch, CDS

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