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EUREKA LORRAINE, FÉVRIER 2016

Révéler des vestiges archéologiques nécessite parfois de prendre de la hauteur. Telle est la démarche initiée par un groupe de chercheurs de l’Université de Lorraine grâce à un drone équipé d’un système de détection laser.

Les vestiges archéologiques sont souvent difficiles à repérer dans un paysage maintes fois remanié par l’homme. De nombreux obstacles comme la végétation ou un relief particulièrement accidenté peuvent en outre les dissimuler à la vue des archéologues. Pour tenter d’y voir plus clair, ces derniers font de plus en plus appel à la télédétection par laser ou LiDAR*. De la même manière qu’un radar, cette technologie de mesure à distance repose sur l’analyse des propriétés d’un faisceau de lumière renvoyé vers son émetteur. Embarqué à bord d’un avion ou d’un hélicoptère, l’appareil permet ainsi de cartographier rapidement et avec une précision de l’ordre du centimètre de vastes territoires. «En archéologie cette technologie permet non seulement de décupler la superficie de la zone d’étude mais aussi de détecter des vestiges dissimulés par le couvert forestier que nous serions incapables de repérer avec une telle précision en allant nous-mêmes sur le terrain» précise Denis Morin, archéologue au laboratoire Histoire et Cultures de l’Antiquité et du Moyen Âge (HISCANT-MA, Université de Lorraine). La mise en œuvre des moyens aéroportés ayant un coût relativement élevé, l’utilisation du LiDAR en archéologie reste cependant limitée. En nouant un partenariat avec l’entreprise Air2D, qui conçoit des drones sur-mesure, des chercheurs du laboratoire HISCANT-MA et du laboratoire d’observation des territoires (CERGAPE – LOTERR, Université de Lorraine/CNRS) veulent démocratiser l’utilisation de cet outil d’investigation scientifique.

«Savoir si certains filons de cuivre de la région étaient exploités dès l’époque protohistorique, il y a près de 4000 ans»

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Le drone à huit hélices utilisé par les chercheurs est doté d’une nacelle spécialement mise au point par l’entreprise Air2D pour qu’une caméra LiDAR puisse y être solidement arrimée. Ce dispositif a été testé pour la première fois sur le site minier de la Grande Montagne, dans le Sud du Massif vosgien. Au niveau de cette zone de crête très boisée, les archéologues ont pu établir une cartographie laser des haldes, ces déblais de mines accumulés en surface. «L’analyse de ces données inédites devrait nous permettre de déterminer l’ampleur des vestiges et de savoir si certains filons de cuivre de la région ont été exploités antérieurement à l’époque moderne, au Moyen Âge, à l’Antiquité voire à la Protohistoire» explique Denis Morin. Une autre opération test a d’ores et déjà été programmée dans la région du Warndt lorrain où l’archéologue et son équipe ont récemment détecté des indices d’exploitations minières datant de la fin de l’Age du Bronze et du Premier Age du Fer. Le survol de la zone par drone devrait là aussi révéler des vestiges d’exploitations minières anciennes comme des puits, des aires de traitement mécanique des minerais ou les contours de bâtiments associés à la vie des mineurs. Au-delà de sa facilité d’utilisation et de déploiement sur le terrain, l’interface drone/LiDAR devrait révolutionner la façon d’appréhender l’archéologie des sites mais aussi celle du bâti. A terme, la formation à l’utilisation de cet outil pourrait ainsi figurer dans un programme de formation universitaire transdisciplinaire.

* acronyme de l’expression en langue anglaise « light detection and ranging » ou « laser detection and ranging »

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