IGN MAGAZINE n°98, Avril 2020
Depuis fin février, le Géoportail propose une cartographie détaillée des sols couvrant la totalité du territoire national. S’appuyant sur des données collectées depuis près de vingt ans dans le cadre du groupement d’intérêt scientifique Sol, l’initiative donne désormais accès en quelques clics à des informations sur les propriétés et la qualité des sols de France.
Situé à l’interface entre biosphère, géosphère et atmosphère, le sol est tout autant le support que le produit du vivant. Malgré son rôle crucial pour bon nombre d’écosystèmes, cette couche superficielle de la croûte terrestre n’a pas toujours été étudiée avec l’attention qu’elle méritait. C’est donc avec l’ambition d’étoffer nos connaissances sur les différents types de sol couvrant le territoire national que le groupement d’intérêt scientifique Sol (GIS Sol) a vu le jour en 2001. Fédérant les principaux acteurs nationaux s’intéressant à cette thématique¹, la structure supervise divers programmes scientifiques d’envergure à l’image du programme inventaire, gestion et conservation des sols (IGCS), du réseau de mesure de la qualité des sols (RMQS) ou de la base de données d’analyses de terres (BDAT). « Le GIS Sol améliore la connaissance et la surveillance des sols de France en capitalisant les informations déjà disponibles tout en produisant de nouvelles bases de données autour de cette thématique », résume Loïc Commagnac, ingénieur d’études au département écosystèmes forestiers de l’IGN impliqué dans le GIS Sol.
Une couverture nationale exhaustive
Les échantillons collectés dans le cadre de la première campagne RMQS, menée entre 2000 et 2009 sous la houlette d’Inrae, ont ainsi permis d’établir une première cartographie nationale des niveaux de contamination des sols par diverses substances : éléments-traces métalliques tels que le plomb, l’arsenic ou le mercure, mais aussi polluants organiques persistants comme les dioxines… Les travaux du RMQS ont également contribué à réévaluer les stocks de carbone pour chaque grand type de sol tout en y cartographiant la biomasse microbienne. Grâce à l’avancée du programme IGCS, la France dispose désormais d’une couverture exhaustive de ses sols à l’échelle 1 : 250 000. Librement accessible sur le Géoportail, cette cartographie constitue un outil d’aide à la décision précieux pour des secteurs comme l’agriculture ou l’aménagement du territoire. Elle constitue en outre un outil pour évaluer les risques de dégradation des sols liés à certains aléas climatiques comme les inondations et les périodes de sécheresse.
Des sols forestiers bien auscultés
Au sein du Gis Sol, les secteurs boisés font l’objet d’une attention toute particulière. Chaque année, l’IGN réalise des levés sur des milliers de placettes d’inventaire reflétant la diversité de cet environnement (voir infographie p. 16). Au cours de ces études de terrain, un ensemble d’observations et de mesures portant sur le milieu et la végétation au sens large sont recueillies par les agents de l’Institut. Un examen de la nature du sol est également réalisé in situ à partir d’une fosse pédologique creusée au centre de la placette. Destiné avant tout à connaître l’état de la ressource en bois de chaque station forestière pour en assurer une exploitation durable, l’éventail de données collectées peut mener la réflexion plus loin, comme l’illustre Loïc Commagnac : « En croisant la description du peuplement forestier avec le type de sol, nous obtenons une estimation plus précise de la fertilité de chaque station forestière. »
- Depuis le 1er janvier 2020, le GIS Sol réunit les ministères de l’Agriculture et de l’Alimentation, et de la Transition écologique et solidaire, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation, et l’environnement (Inrae), l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN), l’Institut de recherche pour le développement (IRD) ainsi que le tout nouvel Office français de la biodiversité (OFB) issu de la fusion de l’Agence française pour la biodiversité (AFB) et de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).