PLAQUETTE DE LA MÉDAILLE D’ARGENT DU CNRS, OCTOBRE 2011

Marie-Françoise André, La scientifique qui fait parler les pierres

Qu’il s’agisse d’un paysage façonné par la puissance d’un glacier ou d’un monument multiséculaire édifié par la main de l’homme, cette scientifique excelle dans l’art d’en retracer l’évolution à partir des indices laissés par l’érosion. Titulaire d’une thèse d’État sur la dynamique et l’évolution des versants au Spitzberg, soutenue en 1991, Marie-Françoise André intègre le Laboratoire de géographie physique et environnementale (GEOLAB) à sa création en 1993 avant d’en assurer la direction de 1998 à 2007. Professeur à l’université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand depuis 1997, elle effectue par ailleurs de nombreuses missions au-delà des deux cercles polaires. Du Labrador au Spitzberg en passant par la Laponie et l’Antarctique, elle analyse la géomorphologie de ces paysages se transformant sous l’influence des variations climatiques. À partir de 2004, elle transpose ses connaissances sur l’évolution de l’architecture des paysages polaires à l’étude des effets de l’érosion sur des monuments historiques. Avec l’aide de géomaticiens, d’architectes et d’archéologues, elle parvient notamment à montrer que l’accélération contemporaine de la dégradation des temples khmers d’Angkor est intimement liée à la déforestation. »En protégeant ces édifices vieux de mille ans des agressions climatiques, la forêt agit comme un gigantesque parasol. »

GUILLAUME FIQUET, « Voyage au centre de la Terre »

Après une thèse en minéralogie physique, pendant laquelle il se plonge dans l’étude de la composition interne de la Terre, et un postdoc au Max Planck Institut de Mainz, Guillaume Fiquet entre au CNRS en 1992, au sein du Laboratoire des sciences de la Terre de l’École normale supérieure de Lyon. Le jeune géophysicien est un pionnier de l’utilisation de la source synchrotron de Grenoble pour l’observation d’échantillons soumis aux températures et pressions extrêmes régnant dans les profondeurs de la Terre. « Nous avions pour la première fois le privilège d’observer en direct le comportement de minéraux dans de telles conditions. » À partir des données recueillies, il établit l’équation d’état de la pérovskite, principal constituant du manteau terrestre. À l’Institut de minéralogie et de physique des milieux condensés (IMPMC) qu’il rejoint en 1999, année où le CNRS lui décerne une médaille de bronze, il mène des recherches sur le fer, élément chimique essentiel du noyau terrestre, dont il mesure les propriétés élastiques à très haute pression. Devenu directeur adjoint de l’IMPMC en 2009, Guillaume Fiquet y étudie désormais la fusion partielle du manteau profond et les conséquences pour la Terre de la cristallisation d’un océan magmatique primordial. Avec pour objectif de toujours mieux appréhender la dynamique interne de notre planète.