REPÈRES N°41, AVRIL 2019
« Plutôt que de pratiquer un scanner, il est possible de recourir à l’échographie ou à l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour limiter l’exposition » , affirme Jean-François Chateil, radiologue au CHU de Bordeaux (Gironde). Le constat du praticien va dans le sens du dernier rapport ExPRI pédiatrique¹ de l’IRSN. Celui-ci porte sur l’exposition des enfants aux rayonnements ionisants en imagerie médicale diagnostique. En France, un enfant sur trois est exposé à des rayonnements lors d’actes de diagnostic. Menée sur plus de 120 000 enfants de 0 à 16 ans, l’étude ExPRI pédiatrique montre que la dose efficace annuelle moyenne par enfant exposé en 2015 s’établit autour de 0,43 mSv – contre 0,65 mSv en 2010. Une baisse d’environ un tiers en cinq ans alors que la fréquence des actes d’imagerie médicale est stable. « Cette diminution est liée à l’amélioration des techniques – la dose nécessaire à l’acquisition d’une image de qualité est devenue moins conséquente – et à la mise en place progressive des bonnes pratiques recommandées par les sociétés savantes concernées », explique Jean-François Chateil. La moyenne globale de la dose efficace² lors d’interventions diagnostiques reste sept fois inférieure à celle des rayonnements d’origine naturelle. De quoi rassurer les parents les plus inquiets en ce qui concerne les actes usuels non répétitifs. Le rapport incite néanmoins les professionnels de santé à rester vigilants sur les doses délivrées, en particulier aux nourrissons de moins d’un an, proportionnellement plus exposés.
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Le rapport « Exposition aux rayonnements ionisants » (ExPRI) pédiatrique fournit aux autorités et professionnels de santé des données actualisées sur l’exposition des enfants aux actes d’imagerie médicale diagnostique. www.irsn.fr/expri-2015
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Exprimée en millisieverts (mSv), la dose efficace permet d’évaluer l’impact biologique d’une exposition à des rayonnements sur les tissus vivants.
Pister le tritium dans l’eau de mer
Pascal Bailly du Bois
Ingénieur-chercheur spécialiste de la dispersion des radionucléides en mer
Ces rangées de bonbonnes surmontées de tubes effilés renferment des prélèvements d’eau du golfe de Gascogne. Objectif de l’opération : étudier à l’échelle de cette vaste étendue la dispersion des radionucléides transportés par les eaux de la Loire et de la Garonne, sur les rives desquelles sont implantées plusieurs installations nucléaires. Prélevés entre 2009 et 2016 lors de campagnes scientifiques organisées par l’Ifremer et l’IRSN, ces échantillons d’eau de mer ont été stockés au Laboratoire de radioécologie de Cherbourg-Octeville (Manche). Après leur transfert dans des bonbonnes en acier inoxydable, ils ont été débarrassés des gaz naturellement pré- sents. Les prélèvements y restent confinés entre un et six mois grâce à un système de fermeture étanche : un tube en cuivre scellé sur la partie supérieure du dispositif. Les chercheurs ont déterminé leur concentration en hélium 3. Ce gaz résulte de la désintégration des molécules d’eau contenant un atome de tritium, isotope radioactif de l’hydrogène : le niveau de concentration en hélium 3 indique la quantité précise de tritium dans l’échantillon. En réitérant l’analyse sur plus de 350 prélèvements recueillis en surface comme en profondeur sur l’ensemble du golfe, les scientifiques ont montré qu’il fallait un peu plus d’un an pour que les eaux d’origine continentale se renouvellent dans cette zone. Ce travail a validé le code de calcul Mars, développé par l’Ifremer et interfacé avec l’outil d’expertise Sterne de l’IRSN. L’objectif est de simuler la dispersion des radionucléides en cas d’accident nucléaire et de contamination radioactive du milieu marin.