TERRE SAUVAGE, SEPTEMBRE 2009

Jadis abondant dans toute l’Europe, le milan royal, pourtant espèce protégée depuis 1972, se raréfie significativement dans nos contrées. Mais la LPO veille au grain, en le nourrissant sur des sites stratégiques.

Une ombre plane au-dessus des troupeaux de vaches salers. Décrivant de larges cercles concentriques, le rapace inspecte les pâturages du Cantal à la recherche de campagnols imprudents. Reconnaissable entre mille, cette silhouette gracile au plumage roussâtre et à la queue largement échancrée est celle d’un milan royal. Autrefois abondant sur l’ensemble du territoire européen, cet oiseau de proie élégant a vu sa population diminuer rapidement à partir du xxe siècle, parallèlement à l’essor du fusil de chasse. Malgré le statut d’espèce protégée décrété en 1972, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), qui suit l’évolution du nombre de nicheurs depuis la fin des années 80, constate une chute inquiétante de ses effectifs. En l’espace d’une vingtaine d’années, notre territoire a vu sa population se réduire de moitié. Même constat en Espagne qui regroupe la plus importante population hivernale d’Europe : alors qu’elle atteignait 50 000 individus il y a encore quelques années, 35 000 rapaces à peine ont été dénombrés lors du dernier recensement.

PÉNURIE DE NOURRITURE
Les ornithologues européens placent l’intensification de l’agriculture et l’évolution des paysages au premier rang des causes de ce recul. Avec notamment la conversion de prairies naturelles en monocultures de maïs, qui forment une barrière impénétrable pour cet oiseau aimant chasser les petits rongeurs en milieu ouvert. Ces transformations et la fermeture progressive des décharges à ciel ouvert ont une conséquence directe pour le milan : une diminution nette de la ressource alimentaire disponible. Pour lutter contre ce manque de nourriture, la LPO développe l’installation de sites de nourrissage dédiés où sont déposés des carcasses et des abats d’animaux d’élevage. Les expériences pilotes menées depuis quelques années dans cinq départements français ont prouvé leur efficacité. Reste maintenant à les étendre à tout le pays en instaurant, pourquoi pas, une forme de partenariat avec les éleveurs de bétail.

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